Passés les problèmes gastriques dus à la digestion d’un scrutin présidentiel particulièrement indigeste, les français sont invités à exprimer de nouveau leur regain d’intérêt ; voir, pour un certain nombre d’entre eux, leur ferveur subite en l’expression démocratique républicaine. Dans chaque obédience se répète à l’envie un seul mot d’ordre : restons mobilisés!
Les élections législatives qui se profilent à grand pas présente il est vrai, une portée plus déterminante qu’à l’accoutumé. Si le poids politique de la chambre basse du parlement n’a de cesse d’être remis en cause , sa surface d’action et ses marges de manœuvre réduite à la portion congrue, il n’en demeure pas moins que la nouvelle répartition de l’Assemblée Nationale revêt dans le contexte actuel d’une France particulièrement divisée, une dimension supérieure. Les états majors sont sur le pont, les grandes manœuvres ont commencé. Revue de détail des principaux appareils politiques.
Surfant sur une dynamique de victoire, la vague bleue peut t’elle de nouveau déferler sur l’hémicycle comme en 1993 ? Une large majorité acquise à la droite octroierait au nouveau locataire du Château une concentration de pouvoirs exceptionnelle sous la cinquième République. Habile politicien, Nicolas Sarkozy s’est attelé, sitôt élu, à régler en priorité le dossier de sa succession à l’UMP.
Tenu par ses promesses de campagne sur le non cumul et la rénovation des mœurs politiques, le nouveau président de la République vient de remiser dans les formes ses mandats électifs(président du Conseil Général des Hauts de Seine, conseiller général du canton de Neuilly-Nord) ainsi que sa fonction de président de l’UMP sans renoncer pour autant à conserver la haute main sur la gestion du parti présidentiel. Il s’agit pour lui de ne pas répéter l’erreur de Chirac qui s’était fait dépouiller de son bébé par un certain Sarkozy Nicolas. Verrouiller la maison et anticiper toute velléité de contestation interne, telle est sa stratégie du pouvoir mise en œuvre au sein du parti du rassemblement de la droite décomplexée.
Ainsi, la mise en place d’une direction collégiale réduit de facto l’influence et le poids politique des nouveaux dirigeants. Jean Claude Gaudin peut grimacer, il devra partager le fauteuil avec Brice Hortefeux l’ami de trente ans, l’homme lige du nouveau président. Plus explicite encore la mission confiée à Jean Pierre Raffarin sur le renouvellement des statuts de L’UMP traduit bien la ferme volonté de Sarkozy de tout contrôler à partir de l’Elysée en transformant le parti en caisse de résonance de la bonne parole du chef. Bénéficiant de l’état de grâce et de l’euphorie de la victoire, la manœuvre est passée sans embûches en attendant le prochain congrès de la formation qui devrait avoir lieu à l’Automne. Réorganisé, A l’orée de cette nouvelle joute électorale, l’UMP part en campagne en pleine confiance, sûre de sa force et de sa victoire totale.
Comme l’on pouvait s’y attendre concernant le Parti Socialiste, la nette défaite de la candidate Royal réenclenche une fois de plus une guerre de tranchée entre les éléphants vengeurs et la girafe en marge.
La candidate défaite n’a pas perdu de temps pour exprimer ses enseignements concernant son échec. Quelques minutes seulement après l’annonce télévisée des « estimations définitives » des résultats, elle coupait l’herbe sous le pied à ses détracteurs. Arborant un large sourire douteux, accoudée au balcon du siège de la rue de Solferino, elle se positionnait déjà en quête de l’investiture pour la présidentielle de 2012. Ses concurrents de la primaire socialiste ainsi que leur garde rapproché répliquaient alors vertement sur les plateaux de télévision donnant lieu à un spectacle désolant et irresponsable d’un parti en pleine déconfiture. Depuis, les coups de poignards se succèdent, les seconds couteaux amplifient les divisions en distillant des petites phrases assassines et même des attaques personnelles.
Dans ce contexte délétère, l’union de façade affichée par les principaux dirigeants du parti à la sortie du bureau national du samedi 11 Mai ne masque pas les dissensions et la rancune accumulée tout au long d’une campagne ou le parti et la candidate se sont sabordés mutuellement. Contre vents et marées, dans son rôle favori de gymnaste adepte du grand écart facial, le premier secrétaire François Hollande, usé jusqu’à la corde, tente une nouvelle fois de temporiser en appellant à la responsabilité de chacun. En effet, l’unité du parti est nécessaire pour éviter une lourde défaite potentiellement envisageable qui provoquerait dès lors une véritable crise ouverte.
Le PS aborde donc cette échéance électorale dans la division, emplie de doutes et plus esseulé que jamais après l’échec des négociations avec les Verts. Fort optimiste, Bruno Le Roux responsable des élections à la direction du PS annonce que « les français donneront une majorité à Nicolas Sarkozy ». Prosaïque, il espère que « les socialistes auront plus de députés qu’en 2002 ». Parviendront t’ils à se remettre en ordre de bataille pour atteindre au moins la barre symbolique des 150 sièges ?
François Bayrou, sur la lancée Le Mouvement Démocratique (MODEM), création du fantasque François Bayrou, se lance quant à lui dans l’inconnu. Le scrutin qui s’annonce s’avère déterminant pour l’avenir de ce nouveau parti centriste. Malgré le débauchage au profit de l’UMP de la quasi totalité des députés élus sous l’ex bannière de l’UDF, le MODEM devrait présenter un(e) candidat(e) dans chaque circonscription. Le pari risqué de Bayrou portera t’il ses fruits ?